• 26 avril 1998 - Prêtre.

    Prêtre.

    Serviteur de la Parole, de l’eucharistie et de la rencontre avec le peuple de Dieu.

     

    Le prêtre est au centre de la vie de l’Eglise de même que, au centre de toute religion, existe un homme qui rassemble et devient le signe du dieu qu’il sert.

    Le prêtre de l’Eglise reçoit une onction qui lui confère le pouvoir de partager Dieu au monde. D’abord aux fidèles. Mais comme tout chrétien, et avec une responsabilité particulière, il reçoit mission d’annoncer, à tous ceux qui sont loin de Dieu, que Dieu est proche.

    Le prêtre, par les sacrements qu’il a la charge de donner, nous unit à tous les croyants qui nous ont précédés depuis Abraham, Moïse et David. Il atteste que Dieu est présent. Il ne reproduit pas les gestes passés de Jésus à la dernière Cène en simple souvenir, comme nous célébrons un anniversaire. Ses gestes disent que Dieu est présent parce que Jésus est le Vivant.

    Le prêtre annonce la Parole, parole de paix, de justice et d’amour fraternel. Non pas comme un discours extérieur, dans lequel il ne s’engage pas parce que sa vie et la vie des autres n’en dépendrait pas, mais comme une parole reçue d’en-haut, vibrante à l’intérieur de lui-même, qui lui semble essentielle pour lui et pour tous les hommes. Il est habité par la passion de la Parole comme tout chrétien, mais il a la responsabilité de présider à sa diffusion.

    Cette responsabilité, le prêtre l’assume en étant le pasteur du peuple de Dieu. Ce peut être un peuple géographique, paroisse ou diocèse, une aumônerie ou toute autre mission. C‘est toujours le peuple de Dieu perçu dans son universalité, qui s’incarne dans un peuple particulier et réalise l’Eglise dans sa plénitude. La grandeur d’une communauté locale est d’être, dans l’étroitesse de ses limites, la réalisation totale et parfaite de l’universalité du peuple croyant.

     

    A long terme, il n’existe pas de communauté chrétienne vivante sans prêtre.

    L’exemple des chrétiens du Japon qui, privés de tout prêtre, ont gardé leur foi pendant de longues dizaines d’années, ne suffit pas pour dire que la foi peut se passer de prêtres.

    Il montre cependant l’importance que revêt le témoignage des laïcs. Ils peuvent célébrer et faire retentir la Parole entre eux. Ils peuvent l’annoncer à d’autres. Le Dieu et Père de Jésus n’est-il pas leur Père et n’est-il pas présent dès lors qu’il sont réunis en son nom ?

    Il y manque cependant la nourriture eucharistique, le repas célébré et pris en commun avec un pain frais et un vin puisé le jour même au tonneau, disant la joie du partage et commémorant l’entrée dans la vie par la mort et la visite au tombeau vide.

    Ce repas authentifie l’actualité de la Parole qui n’est ni une simple lecture ni un discours, mais la vie même de Dieu qui se donne à tous ceux qui participent au banquet.

    La proclamation de la Parole donne au repas partagé toute sa saveur et tout son sens. Elle atteste l’actualité de Dieu et de son action pour les hommes. Mais cette Parole proclamée, à son tour, ne doit son actualité qu’aux paroles et aux gestes eucharistiques qui donnent la vie.

    C’est pourquoi des hommes sont ordonnés pour redire les paroles et refaire les gestes toujours actuels de Jésus donnant son corps et son sang en nourriture et en breuvage.

     

    Le prêtre accepte d’être celui par lequel Dieu donne la vie aux hommes.

    Non que la vie ne puisse être transmise par d’autres, à travers leurs paroles humaines ou leurs gestes d’amour et de miséricorde. Mais le prêtre préside, au nom du Vivant, la célébration de la vie, quelle que soit la mort qu’il faille traverser.

    Il n’est même pas un intermédiaire entre Dieu et l’homme. Son sacerdoce ne le rend pas divin car il n’existe qu’un unique prêtre et médiateur, celui qui est assis à la droite de Dieu.

    Le prêtre reste un homme qui n’a rien de plus que les autres, si ce n’est qu’il n’a de cesse de rassembler un peuple pour que Dieu le nourrisse et lui donne la vie. Sa vie d’homme est dès lors toute transformée par le projet insensé et exaltant de Dieu sur lui et sur le monde.

     

    Faut-il craindre, comme on dit, la crise des vocations ?

    Ce serait croire que Dieu abandonne son Eglise, voire que Dieu est mort.

    Ne faut-il pas plutôt traverser ce désert, prendre la mesure de la rupture de civilisation qui est la nôtre et travailler avec patience à approfondir cette Parole ancienne que Dieu ne cesse de nous adresser encore aujourd’hui, toujours la même, éternellement nouvelle ?

    Le prêtre serait-il un survivant ou un prophète des temps à venir ?

    Le monde semble prêt à lui donner un avenir, lui qui ne cesse de s’interroger sur Dieu.

    Fr. André LENDGER

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