• 25 juillet 1999 - La loi et les mœurs.

    La loi et les mœurs.

    Qui entraîne l’évolution de l’autre ?

     

    Les lois humaines ne sont pas des lois éternelles… pas toutes.

    Certaines lois fondamentales ont en effet un air de lois éternelles parce que fondées sur la nature de l’homme, de tout homme, quelle que soit sa race, sa culture et sa religion.

    Ainsi en va-t-il des préceptes mosaïques : « tu ne tueras pas, tu ne voleras pas… » Même si les autres préceptes ne peuvent plus être exprimés de la même façon, un nouveau concept en exprime toute la valeur : tu respecteras ton prochain. L’adultère ni la convoitise ne seront plus condamnés, à condition de n’être liés à aucune violence envers autrui.

    Ces lois, qui semblent admises par tous aujourd’hui, n’ont pas toujours eu valeur universelle : les sacrifices d’enfants se sont poursuivis jusqu’au milieu du 19ème siècle dans certaines civilisations et nous savons qu’aujourd’hui encore bien des questions demeurent en suspens, dans de nombreux pays, concernant les droits de la femme.

    Or c’est toujours au nom de Dieu que sont déclarés les points les plus contestables de la conduite des hommes. Les sacrifices humains étaient faits au nom de Dieu, les repas cannibales étaient consommés au nom de Dieu, la femme doit être soumise au nom de Dieu.

    Si tout est décidé au nom de Dieu, il n’est pas question d’évolution possible. Le détail de la vie des hommes est réglé pour les siècles et les millénaires à venir.

    Ainsi de tous les intégrismes dans toutes les religions.

     

    Dans les incertitudes morales du temps présent, liées au rapide changement de la civilisation et de la culture, les intégrismes ne peuvent que rencontrer un écho : ils rassurent en proposant des lois soi-disant données par Dieu, sur lesquelles le temps n’aurait pas de prise

    Il ne peut donc s’agir du Dieu de Jésus-Christ qui a partagé le devenir humain, mais d’un Dieu suffisamment lointain et archaïque pour qu’on n’ait plus à l’interroger : la loi, brute!

    Nous devons demeurer attentifs au phénomène des intégrismes, car ils sont le signe de l’aspiration profonde de tout homme à être rassuré. Les assurances divines paraissent être les meilleures, puisque édictées par le créateur et Juge suprême ! Mais elles ne laissent aucune liberté : elles sont la récompense de la soumission à des lois extérieures (habit, langue…) et donnent l’illusion d’avoir été proférées pour l’éternité. Mais qui dit cela ? Dieu ou l’homme ?

    Or la société change, notre mode de vie évolue de jour en jour et ceci ne peut manquer de laisser des traces dans nos mœurs sociales et dans les lois qui nous régissent. Ces lois sont humaines et ne prétendent à aucune infaillibilité ; elles sont un cadre dans lequel chacun est invité à vivre. Ce cadre n’est pas figé une fois pour toutes et le législateur veille à l’adapter selon l’évolution générale. D’où des lois, certaines controversées (divorce, IVG, PACS…), mais aussi des lois sur les droits de la femme, la protection de l’enfant, l’aide sociale…

    La loi est faite pour l’homme, pour l’établir dans ses droits et lui en montrer les limites. Elle aménage la vie civile. Elle n’est pas divine. Pourtant, ne peut-on pas dire qu’elle est fondée sur le socle de la loi mosaïque : droit à la vie et refus de l’œuvre de mort ? Un tel « credo » de base peut ne pas être dit ; on préférera parler de « droits de l’homme ». Mais d’où les droits de l’homme tirent-ils leur force sinon de la référence à un universel qui les fonde ?

     

    La loi civile subit des modifications selon l’évolution de la conscience sociale. Elle semble suivre, être à la traîne et faire des concessions à l’esprit du temps que d’aucuns déplorent. Mais ce faisant, elle explore le possible et en délimite les champs d’application. Elle établit donc des règles qui évitent la multiplication des sans loi et des sans droits en les réintégrant dans la sphère sociale. D’une certaine façon, et quelles que soient ses imperfections, elle met un terme à une évolution qui, à défaut de toute loi, pourrait provoquer des tensions et devenir anarchie. Elle accompagne l’évolution et stabilise la société.

    Fruit de l’évolution des mœurs, la loi n’en dépend donc pas totalement. Son fondement se trouve au cœur de la personne humaine. Elle évolue, mais c’est pour mieux répondre aux besoins de l’homme. Elle avance après que la pensée ait mûri, sollicitée par l’expérience des faits. Elle est le gage de la liberté car, sans elle, la seule loi existante serait la loi du plus fort. Elle se situe dans une perspective qui demeure sa priorité : faire œuvre de vie.

     

    Commentons et critiquons nos lois quand bon nous semble. Respectons ceux qui les font.

    fr. André LENDGER

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