• 25 avril 2004 Jésus à la Une.

    Jésus reste un personnage d’actualité. Depuis quelques mois la presse hebdomadaire ou mensuelle ne cesse de proposer des numéros sur Jésus. Cela donne à penser que Jésus intéresse les lecteurs, se vend bien et fait bien vendre la presse. Il s’agit du Jésus de l’histoire, de l’homme qui a vécu il y a vingt siècles, dont le message constitue une nouveauté qui, aujourd’hui encore, attise la curiosité. Il a été rejeté par les chefs de son peuple, il a été crucifié et ses disciples ont dit qu’il était ressuscité. Mais de cela les journalistes ne peuvent faire état, faute de preuve concrète.

    Jésus a vraiment vécu, même si les traces que nous avons de son rapide passage parmi les hommes, au temps de sa prédication, demeurent ténues. Dire le contraire n’est pas sérieux. Il se situe dans la lignée des grands prophètes d’Israël et dans la foulée immédiate de Jean-Baptiste. Nous pouvons percevoir les rapports de sa pensée avec celle des écoles rabbiniques de son temps. Jésus s’en démarque toutefois par un message original qui le conduira à la mort.

    Le message de Jésus est ce qui séduit le plus nos contemporains, car il fait partie de notre culture et est à la base de notre vision de l’homme. C’est un message d’amour qui met l’autre, en tant qu’autre, au centre de toute vie humaine. C’est un message de justice qui met le pauvre au cœur de tout dispositif social. C’est un message de paix qui laisse à l’argent sa place dans la vie économique mais qui lui refuse le droit de régner en maître dans le cœur des hommes, sous peine de violence.

     

    L’intérêt actuel porté à la personne de Jésus trouve là sa source. L’homme moderne est intrigué par le mystère de ce prophète, mais évite de l’approfondir. Cela suffit à notre société laïque dont la recherche de salut est fort éloignée de ce qu’elle pouvait être il y a quelques siècles. La mort personnelle n’est plus l’inquiétude majeure et la vision de l’enfer n’est plus l’épouvantail qui pourrait nous faire changer de conduite. Si l’homme se préoccupe de salut, ce n’est pas de celui, personnel, qui l’attendrait dans un autre monde, bien incertain à ses yeux. Il s’angoisse plutôt pour le salut de l’humanité entière prise au piège de l’accumulation des richesses et du développement sans discernement des progrès techniques, au risque de rendre la terre inhabitable, jusqu’à l’autodestruction

    Qu’a le Jésus des icônes qui ornent la première page de nos journaux à nous dire à ce sujet ? Est-il vrai que le salut de l’humanité puisse être disjoint de la recherche de salut de chaque personne individuelle ? Les dangers qui menacent notre planète ont pour cause première l’incapacité des hommes à vivre personnellement les valeurs qui sont au cœur de l’évangile, amour, justice et paix. Lorsque l’idéal poursuivi est que chacun impose sa puissance ou son plaisir au détriment des autres ; lorsque les lois économiques oublient que nous sommes tous au service les uns des autres et les riches au service des pauvres pour partager le travail et l’emploi, c’est l’éthique personnelle qu’on piétine, c’est l’équilibre social et les valeurs universelles qu’on bafoue.

    L’intérêt porté à la personne de Jésus est aujourd’hui du même ordre que celui qu’on porte au Dalaï-lama. Quelques-uns suivent, mais la majorité admire tout en gardant sa distance. On reconnaît à ces hommes le mérite de rappeler des dimensions essentielles de notre être mais on n’a aucune volonté pour suivre le chemin qu’ils proposent. On en reste le plus souvent à une curiosité polie. La recherche de la vérité n’est pas notre préoccupation. Notre être intérieur n’est pas transformé et nous continuons d’amasser argent et pouvoir ou de mener une vie superficielle de loisirs faciles.

     

    La multiplication des publications sur Jésus ne doit pas faire illusion. La curiosité dont la presse se fait l’écho ne prélude certainement pas à un réel désir de remonter à la source du message de l’évangile. L’intérêt ne va pas jusqu’à admettre que ce qui intéresse dans la personne de Jésus ne peut être reçu qu’en s’en faisant un disciple. Autre est la connaissance rationnelle, autre la connaissance qui vient de l’amitié. Avec Jésus l’amitié est liée à la foi. Faute de foi, on reste spectateur ou auditeur, mais on ne met pas en pratique. Or la foi chrétienne n’est pas une morale mais un amour.

    Aujourd’hui l’engagement dans une quête de sens de la vie de l’homme, n’est plus ressenti comme une urgence, sauf pour les spiritualités à la mode, orientalisme, extatisme ou superstitions. Mais est-ce une quête de sens ou une fuite devant l’absurde ? L’essentiel est de ressentir, pour se rassurer dans un monde incertain. Or la foi en Jésus n’est pas du domaine de la sensibilité, même si elle entretient un rapport avec elle. Les émotions ou l’esthétique ne sont pas assimilables à la foi.

    Il est réconfortant malgré tout de voir que nos contemporains continuent de s’interroger, peut-être paresseusement, sans conviction et seulement du bout des doigts de l’esprit. Cette curiosité est le signe qu’est ressentie l’insuffisance de ce monde en dépit de toutes ses prouesses.

     

    Jésus demeure une grande figure, reste à découvrir qu’il est VIVANT.

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