• 23 juin 2002 Immigration – Xénophobie.

    Un sommet européen se tient à Séville. Il y est question de l‘immigration illégale.

    Nous voyons tous les jours les drames de l’immigration sauvage. Ces drames atteignent moins les pays d’accueil que les populations en déplacement ; celles-ci doivent payer très cher leurs passeurs, voyager dans des conditions effroyables au risque de leur vie et se retrouver finalement sur une terre qui n’a d’autre souci que de les parquer et de les faire repartir.

    Ce sont en général des hommes et des femmes jeunes, travailleurs et prolifiques. Leur mode de vie et leurs coutumes sont différents des nôtres. Ils ont l’étrangeté de l’étranger.

    Le tort de ces immigrés est de vivre dans des pays où règnent la misère, l’injustice et les guerres. Ils cherchent un coin de paix et de bonheur pour eux et leurs familles. Ils pensent avoir droit à ces biens que Dieu a voulu distribuer à égalité à tous les vivants.

    Leur seule présence nous rappelle la part d’injustice de notre richesse, cette part acquise à leur détriment par l’exploitation de leurs richesses naturelles et de leurs populations.

    Nous les considérons souvent comme une menace. Menace pour l’ordre social en raison de la lenteur des évolutions culturelles qui rend difficile pendant longtemps la cohabitation des nouveaux venus avec la population locale. Menace pour l’ordre civil qui peut résulter de cette tension. Menace économique en raison de l’acceptation, par les immigrés, de conditions de travail et de salaire inférieures à ce qui est accepté par les autochtones.

    Tout ceci peut aboutir à la xénophobie : l’immigré, dans un fantasme collectif, est rejeté et devient le bouc-émissaire des nombreux maux de nos sociétés.

     

    L’immigration est un problème d’ordre socio-économique et d’ordre éthique.

    Beaucoup estiment que l’immigration est une chance pour nos pays développés à la population vieillissante qui se réfugie de plus en plus dans une défense de son confort au détriment du dynamisme et de l’audace nécessaires pour développer nos sociétés. La jeunesse des immigrés et leur propension initiale à avoir de nombreux enfants sont en mesure de pallier un des points faibles de nos sociétés occidentales et de leur donner un avenir.

    Il est difficile d’imaginer une société de vieillards repus tenant tête très longtemps à des vagues de populations jeunes regorgeant de vitalité, attirées par nos richesses, quelle que soit la garde montée à nos frontières. N’est-ce pas de cette façon que des civilisations illustres se sont effondrées et ont été défaites puis dépassées par leurs envahisseurs barbares ?

    Mais laisser ouvertes les frontières, c’est courir le risque de porter atteinte à l’équilibre de la planète tout entière à l’heure de la mondialisation. Les immigrés aussi seraient perdants.

    Il est donc souhaitable d’établir des règles qui permettent l’insertion paisible des migrants et garantissent l’équilibre de nos sociétés. À condition que ces règles soient assorties d’une réflexion et d’une action qui favorisent le développement économique des pays pauvres soumis à des normes établies par les pays riches, et souvent à leur seul bénéfice.

    Nous pouvons observer également que la corruption, qui est un des maux des pays pauvres, est favorisée et amplifiée par les pays riches, corrupteurs mais eux aussi corrompus.

     

    Le rejet de l’étranger est un sentiment très humain lié à la peur éprouvée en face de lui

    Cette peur est en relation avec l’ignorance dans laquelle on demeure à son égard. Il constitue une menace dans la mesure où il remet en question nos habitudes mais aussi notre statut. Pour faire place à l’étranger il faudra partager, non seulement le travail et le pain, mais l’espace vital et même le cœur et les amours. L’étranger va bouleverser notre quiétude.

    L’immigré est la pierre d’angle du rapport de chacun à l’autre et, par voie de conséquence, du rapport de chacun à soi-même puisqu’on ne se construit qu’au contact de l’autre. Le seul danger dans la rencontre de l’étranger est qu’elle entraîne la destruction, soit à cause de nos peurs en sa présence, soit parce que lui aussi est habité par la peur et peut se sentir haï et rejeté par notre regard. La rencontre peut alors dégénérer en violence meurtrière.

    Légal ou non, l’étranger est un frère. Nous prenons pourtant bien peu souvent sa défense, comme en témoigne notre indifférence devant les expulsions qui ont lieu dans cette île qui, pourtant, se flatte d’être le produit heureux d’étrangers venus de divers horizons.

     

    Nous étions immigrés lorsque nous avons pris pied sur cette terre et l’avons faite nôtre.

    Que faisons-nous de l’immigré qui y vient aujourd’hui ?

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