• 2 mai 1999 - Le travail, une punition ?

    A l'homme, Dieu dit : « Parce que... tu as mangé de l'arbre dont je t'avais interdit de manger, maudit soit le sol à cause de toi ! A force de peines tu en tireras subsistance tous les jours de ta vie. Il produira pour toi épines et chardons et tu mangeras l'herbe des champs. A la sueur de ton visage tu mangeras ton pain, jusqu'à ce que tu retournes au sol... » (Gn 3, 17-19)

    Le travail, une punition ?

     

    La Bible est plus nuancée et ne s’en tient pas à ce seul tableau du travail. Ne dit-elle pas, en effet, lorsque l’homme sortit des mains de Dieu : « Yahvé Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d'Éden pour le cultiver et le garder. » (Gn 2, 15)

    Le travail, la condition naturelle de l’homme ? 

     

    Ces textes s’éclairent l’un l’autre.

    Lorsque Dieu crée l’homme, il lui donne son jardin à cultiver. Il le charge de l’entretenir et de le travailler pour y puiser sa nourriture. En faisant cela, Dieu accepte que l’homme imprime sa marque personnelle sur la création. L’homme trouve, par son travail, l’occasion de montrer qu’il est un être libre et autonome en qui Dieu a confiance. Créé bon l’homme, en relation d’amitié avec son créateur, ne peut agir que pour le bien.

    Loin d’être une punition, le travail fait partie de la vocation de l’homme appelé à devenir coopérateur de l’œuvre de Dieu, co-créateur avec Dieu.

    L’homme est donc fait pour le travail ou plutôt le travail est bon pour l’homme.

    Mais il ne s’agit pas de n’importe quel travail, mais d’un travail où l’homme, par son génie, développe et embellit le jardin qui lui a été confié, c’est-à-dire la création et lui-même.

     

    L’homme est fait pour le travail, mais le travail lui est devenu pénible dès lors qu’il s’est librement séparé de Dieu. Lui manque désormais la présence aimante de Dieu.

    L’homme ne se trouve plus dans le jardin d’Eden, mais sur la terre ingrate, dure et rocailleuse, où poussent les chardons et les ronces.

    Le chardon et les ronces ne sont pas des images uniquement agricoles. Ils ne représentent pas non plus l’effort que tout homme doit fournir pour aboutir, en quelque domaine que ce soit, à ce qu’il veut : le  premier homme aussi avait à fournir un effort.

    Le chardon et les ronces, c’est l’expérience que nous faisons que nos découvertes ont tôt fait de se retourner contre nous, faute pour l’homme d’avoir le souci de l’autre, incapable de rendre gloire à Dieu, mais au contraire soucieux de sa propre gloire, se prenant pour Dieu.

    Le chardon et les ronces, c’est la mauvaise répartition des richesses, l’inégalité économique, l’exploitation dont sont victimes encore de nombreux hommes, le chômage et la dégradation qui s’ensuit d’un grand nombre de personnes.

     

    Mais le travail demeure indispensable, comme il le fut au premier jour. C’est principalement par le travail que l’homme est appelé à épanouir sa personnalité, à devenir un être social et à contribuer, par la solidarité, à élever la création, l’humanité et lui-même.

    Le travail continue d’associer l’homme à l’œuvre créatrice de Dieu.

    Le travail n’a, dans son fondement, rien d’une peine ou d’une sanction.

    Il est impossible de concevoir l’homme sans travail, mais il est impossible, dans l’état actuel de l’humanité, d’imaginer que le travail soit uniquement une source de bonheur.

    La sueur dont parle la Bible n’est donc pas à chercher du côté de la pénibilité du travail, mais dans la déviation de sens qu’a subi le travail, réduisant les uns à l’état de simples exécutants sinon d’esclaves et permettant aux autres de s’enrichir.

    La sueur, nous voudrions trop souvent que ce soit la sueur des autres.

    La sueur, ce peut être aussi la déchéance de ces mêmes autres lorsque l’organisation du travail en réduit un trop grand nombre à l’inactivité, en abandonnant des laissés pour compte sur la route de la construction d’eux-mêmes et de la société.

     

    La fête du travail garde donc sa raison d’être.

    Elle semble n’avoir plus grand-chose à voir avec ses motivations d’hier.

    N’est-ce pas une erreur d’optique ? Le travail est et demeurera longtemps encore le lieu privilégié d’une réflexion de l’homme sur sa condition et sur ses relations tant avec la nature qu’avec les autres hommes et donc avec Dieu.

    fr. André LENDGER

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