• 1er décembre 1996 - "Veillez !", nous propose Jésus.

    "Veillez !", nous propose Jésus.

    Cela suffit-il, alors que des mouvements sociaux secouent notre île et notre pays ?

                    alors qu'un groupe musical (NTM) est accusé d'outrage à la force publique ?

                    alors que l'élection d'une Miss Univers a suscité des troubles en Inde ?

    Ces événements n'ont apparemment aucun lien les uns avec les autres, mais tous ils expriment le malaise créé, un peu partout dans le monde, par les fractures sociales, les chocs et les ruptures de culture de nos sociétés contemporaines.

    L'excès des réactions n'est pas exclu, attisées par l'absence de perspective.

     

    "Veillez !".

    Le conseil de Jésus n'a-t-il de sens que dans la vision lointaine de la fin des temps ? n'a-t-il rien à voir avec nos situations humaines immédiates ? Fuite ou engagement ?

    Notre avenir humain ne dépendrait-il pas de nous ? qu'il n'y a qu'à laisser faire ?

    Veiller. Nous sommes tentés de limiter le sens de ce mot à attendre.

    Mais l'attente peut être comprise comme une simple attitude de passivité.

    Veiller. Ce mot implique une tension vers un événement ou une personne qui doit venir combler toutes nos aspirations les plus radicales et les plus intimes.

    On ne sait pas quand il viendra, mais il viendra, nous assure Jésus.

    Veiller. Le mot contient une espérance. L'espérance de quelque chose ou de quelqu'un qui viendra du dehors, sans qu'on y soit pour rien - car cela dépasse nos propres forces - mais qui pourtant ne peut advenir que si nous savons demeurer en état d'espérance.

    Veiller de cette façon-là, c'est permettre à l'impossible de faire irruption.

    L'impossible c'est l'homme vivant dans la justice et dans la paix

    Sommes-nous loin des luttes politiques, syndicales et culturelles ?

    Tous les conflits sont liés à des rapports de force et à des intérêts contradictoires. Ils ne se résument pas à l'opposition simpliste du bien et du mal.

    Ils sont gros de nouveaux équilibres auxquels il convient de donner naissance.

    Ils ne peuvent trouver de solutions - humainement provisoires - que si les uns et les autres saisissent l'occasion qui leur est offerte dans la douleur pour donner forme à leur projet sur l'homme. Les puissants du jour, à l'évidence, sont interpellés en priorité puisque rien ne peut se faire sans eux. Même si des revendications peuvent paraître exagérées, ils ne peuvent éviter de chercher quel message leur est adressé par là. Même s'il y a manipulation, la question reste posée, car un tel procédé n'a de chance de succès que si le terrain s'y prête.

    Veiller, c'est avoir une certaine insatisfaction du présent et le désir de contribuer à mettre au monde l'homme tel qu'il se profile à l'horizon de l'esprit et de la foi.

    Veiller, c'est faire advenir l'homme de demain à partir des conflits d'aujourd'hui.

     

    "Veillez", nous dit Jésus, car vient vers vous, au plus profond de votre être, Celui que vous ne percevez encore que dans le halo de l'espérance, qu'elle soit spirituelle ou humaine.

    Lui seul pourra donner leur achèvement à vos efforts chaotiques.

    Lui seul donnera à chacun de vous sa vraie taille d'homme libre et juste.

    Le combat de l'homme n'a de sens que s'il est sous-tendu par l'espérance en Lui.

     

    Veiller. En ce jour où nous sommes, une fois de plus, appelés à nous mettre en face de ce qui a bouleversé tant de vies et tant de consciences, le virus du sida, nous sommes invités à prendre place sur notre lit d'agonie, avec ceux, heureusement de plus en plus rares, qui mènent leur ultime combat. Virus emblématique de toutes les formes de mort odieuse.

    Le mourant, le jeune surtout, sait que son corps, à peine achevé, va se décomposer.

    Il lui arrive de découvrir qu'au-delà et au coeur même de ce processus de mort lente, un autre corps est en train de naître, un autre être se configure en lui, son être véritable.

    Il voit plus loin que le moment présent, non pour se rassurer, mais parce que l'absurde ne peut pas avoir le dernier mot.

    Le combat qu'il mène aujourd'hui, parfois sans plus en pouvoir, c'est le nôtre.

    Ne manquons pas Celui qui vient nous donner forme définitive.

    Veillons, car Il vient. Il est déjà là, en nous, où Il nous attend dans nos combats.

    fr. André Lendger

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