• 17 mars 2002 - Madagascar – la France / Madagascar – La Réunion

    La crise malgache est loin d’être terminée et notre pays y est mêlé, semble-t-il, de la pire façon. La France est accusée de soutenir Didier Ratsiraka. A cette prise de position se trouveraient mêlés de puissants hommes d’affaires, ainsi que d’importants hommes politiques.

    Bien sûr il faut faire la part des rumeurs, des rancœurs, des espérances déçues et de l’histoire qui a tissé des liens complexes mais confiants entre les deux peuples.

    Si personne ne peut apporter aucune preuve des accusations portées contre notre pays, le manque d’imagination et le silence de nos autorités ne font qu’accréditer la rumeur.

    Tout le monde sait que notre pays a eu l’habitude d’acquiescer aux résultats d’élections frauduleuses de plusieurs pays africains, ce qui vaut à un certain nombre de dictateurs d’être encore en place. Ces pays n’ont pas bénéficié du soutien actif de la population française, aussi les condamnations de cette politique africaine n’ont-elles jamais dépassé le stade de la parole.

    Il se trouve que Madagascar est à la porte de la France si, comme on ne cesse de nous le dire, la Réunion, c’est la France. La politique de la France à l’égard de Madagascar devrait donc être attentive aux réactions des réunionnais et ceux-ci devraient manifester avec plus de vivacité l’intérêt (qui ne se limite pas aux intérêts financiers) et l’amour qu’ils portent à la Grande Ile et à tous ses habitants au point de peser sur la politique de la France.

     

    Ce qui est en jeu, c’est la démocratie et la justice.

    La position de président auto-proclamé dans laquelle se trouve Marc Ravalomanana ne facilite pas sa reconnaissance par la communauté internationale, c’est un fait. Mais tout le monde sait que les résultats officiels de l’élection ont été falsifiés et que ceux de l’élection suivante l’auraient été tout autant. L’entêtement de Didier Ratsiraka d’exercer sa présidence en exacerbant les différences entre Côtiers et Merinas est encore pluscondamnable puisqu’il divise et crée des conditions d’opposition future entre communautés. Nous savons hélas ! où cela peut mener. Or aucune voix officielle ne s’est élevée contre les paroles et les projets de M. Ratsiraka. Nous sommes donc en droit de nous demander qui a intérêt à soutenir cet homme dans un pays où l’on sait que  la corruption ne connaît aucune limite.

    La communauté internationale, mais plus encore la France particulièrement engagée à Madagascar, doit veiller à ce que le processus démocratique initié par les malgaches eux-mêmes ne soit pas anéanti par la lâcheté et les hésitations qui sont autant de compromissions. Cela reviendrait à enterrer la démocratie qu’on ne cesse d’encourager officiellement et ferait de nous des menteurs et des hypocrites. Nos actes doivent être conformes à nos discours.

    Lorsqu’une question de principe aussi fondamentale que l’avènement de la démocratie est en cause, nous ne voyons pas en quoi nos gouvernants seraient mieux placés que le peuple et spécialement le peuple réunionnais pour en parler. Alors qu’attendons-nous ?

     

    Faut-il attendre que la situation pourrisse, fasse des centaines de morts et divise le pays pour de nombreuses décades avant de trouver une solution démocratique ?

    Que veut dire le discours des médiateurs qui parlent de gouvernement d’union nationale ? La France est vraiment mal placée pour faire la leçon aux autres : pourquoi ne pas demander à Ms. Chirac et Jospin, au lieu de s’envoyer des « compliments », d’unir leurs forces et de faire un gouvernement de salut public. Mais ils le savent bien, l’un finirait par manger l’autre. Soyons sûrs qu’à ce jeu, Didier Ratsiraka, sans aucun scrupule, serait le plus fort !

    Ce serait l’honneur de la France de proposer une solution qui permette aux malgaches d’exprimer leur choix démocratique sans contestation possible. A cela cette partie de la France qu’est la Réunion, dans ses élus et sa population, doit s’employer de toutes ses forces. La France-Réunion, ce ne sont pas les intérêts économiques de quelques entrepreneurs, mais le peuple qui est appelé à regarder au-delà de ses problèmes locaux et à s’engager pour une cause de morale internationale et pour l’honneur de son pays. Les réunionnais ne peuvent oublier qu’ils ne sont parvenus à la clarté démocratique qu’en se battant, en l’imposant.

    Nous ne devons pas nous contenter de dire des gouvernants : « que font-ils ? »

    Nous avons à nous interroger : « que pouvons-nous faire ? » et à nous mettre à l’œuvre

     

    Madagascar a besoin de nous pour survivre.

    La France a besoin de nous pour sauver son honneur.

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