• 17/12/1995 - Dépendant.

    Dépendant.

    Un mot qui revient souvent dans nos bouches, que nous souffrions de dépendance ou que nous la regrettions ou la condamnions chez les autres.

    Un mot aux connotations péjoratives, qui désigne une condition d'infériorité à laquelle on ne peut pas toujours échapper, qui peut même prendre la forme d'une fatalité.

     

    Un jeune enfant dépend de ses parents.

    Il arrive que l'un époux dépende totalement de l'autre.

    Une personne âgée finit souvent par dépendre des autres.

    Un malade dépend de son entourage pour les soins.

    Nombre de personnes dépendent des collectivités ou de l'Etat.

     

    Toute société crée ses réseaux de dépendance.

    Pendant longtemps les réseaux familiaux ou de proximité ont répondu aux urgences.

    Ce n'est plus possible dans la société contemporaine :

                . la solidarité familiale s'est relâchée.

                . les besoins se sont multipliés et diversifiés, dépassant la bonne volonté ou le simple partage familial ou de voisinage.

    Seules les collectivités publiques ou l'Etat peuvent répondre aux nouveaux besoins, selon les règles d'une solidarité qui prend souvent figure d'une manne céleste inépuisable.

     

    Est-ce la personne qui se met en situation de dépendance et s'y complait ?

    C'est parfois le cas, mais la plupart y sont tombés et la subissent !

    La généralisation du phénomène de dépendance est plutôt en relation avec le type de société dans lequel nous vivons : travail des femmes, nécessité de respecter des normes de productivité et de rentabilité très strictes, réduction drastique du personnel...

    La solidarité nationale ne peut que prendre le relais des solidarités familiales, dépassées par l'ampleur des problèmes.

     

    Des millions de personnes, dans notre pays, vivent en situation de dépendance.

    Financièrement parlant, la plupart "s'en sortent" plus ou moins.

    Mais la question ne s'arrête pas là.

    La dépendance économique engendre des comportements personnels et sociaux désastreux : alcoolisme, violence, suicides, délinquance, difficultés dans les ménages...

    Celui qui est dépendant n'est plus acteur de sa vie ni créateur de son devenir.

    C'est une personne aliénée, assistée, qui a peu de chances de s'épanouir et toutes chances de régresser, qui s'habitue à ruser et à jouer avec le système, qui l'utilise à fond, en profite et s'ingénie à tirer sur toutes les ficelles possibles.

    Vient un moment où on n'a plus l'envie ni la force de chercher à construire.

    On vit "à la petite semaine", sans chercher plus loin que d'être malin !

    Quant à ceux qui s'essaient encore à de grands projets, ne se font-ils pas illusion ?

     

    On ne peut pas s'étonner que les millions d'hommes et de femmes qui sont contraints de vivre sans projet humain, dans une société qui leur fait savoir qu'elle se passerait volontiers d'eux parce qu'ils constituent un poids, ignorent les valeurs, le respect d'autrui, les règles du jeu social autres que celles dont chacun peut tirer quelque profit.

     

    Faudrait-il augmenter la part matérielle de la solidarité nationale à l'égard des plus nécessiteux ? Les avis peuvent diverger en fonction des opinions de chacun.

    La question essentielle n'est pas celle-ci. La question la plus urgente est celle de la nécessaire réhumanisation de personnes en état de déshumanisation.

    On peut tout donner : le toit, les vêtements, la nourriture, les soins médicaux...

    Aussi longtemps qu'une personne ne sera pas redevenue acteur de sa propre vie, elle ne sera qu'une personne dépendante, assistée, assujettie, aliénée.

    La solidarité nationale ne refera des hommes de ceux qui se trouvent exclus de ses rouages qu'en leur permettant d'avoir un avenir... matériel bien sûr, mais surtout professionnel, affectif, familial, culturel, spirituel.

    Non pas le donner ni l'octroyer comme un dû-sans-effort, mais le rendre possible !

    La solidarité ne remplira pleinement son rôle qu'en proposant à chaque personne un horizon autre qu'un mur, en garantissant à tout jeune de pouvoir devenir un homme responsable de sa vie, en mesure de jouer son rôle dans une société qui a besoin de lui.

    Ce sera la justice, la joie et la paix pour tous, la lumière pour tous, Noël pour tous

    fr. André LENDGER

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