Satan est revenu.

Par la grande porte des médias.

Depuis longtemps il avait ses adeptes.

La célébration de messes noires semble attestée, célébrations de l'ombre comme il convient au Prince des Ténèbres.

Or voici que l'affaire du cimetière de Toulon vient au grand jour. Bavure diabolique ?

Chacun ne peut manquer de s'interroger à propos de ces quatre jeunes: folie ou possession diabolique ?

Nos quatre jeunes ont réalisé ce que nous imaginons être une oeuvre diabolique, avec ses symboles précis et forts, même si leur exploit relève des tribunaux civils plus que de tout exorcisme.

Ils ont cassé et détruit, ils ont outragé les signes de la foi autour de laquelle la morte avait construit sa vie, ils ont manifesté leur haine et leur mépris à l'égard de tout ce qui avait été pour elle signe d'amour, faisant du moindre de leur geste un acte sacrilège.

Ils ont inversé les signes et les valeurs de foi, de respect et d'amour sur lesquels la plupart des hommes s'efforcent de grandir.

Ils ont donné chair à Satan.

De là à dire que ces quatre jeunes gens sont possédés par le diable, il y a un pas que nous ne pouvons pas franchir sans prudence.

Nous voyons, de par le monde, quantité d'hommes commettre des atrocités au nom de Dieu. Dieu est-il pour autant avec eux ? Ce n'est pas parce que quelques jeunes ont commis des actes aberrants au nom du diable que le diable leur a commandé de les faire.

Le diable n'est pas sot : il ne se dévoile pas aussi facilement.

S'il agit dans le monde, comme il semble bien qu'il le fasse, il le fait avec adresse, préparant ses actions de loin, sournoisement, sans pouvoir en être directement suspecté.

Il sème le désordre et détruit sans qu'on puisse l'incriminer aussi facilement, sinon on le repérerait de loin, on le démasquerait et on le tournerait en ridicule.

Mais si le diable a détruit l'équilibre d'esprit de quelques jeunes gens pour faire parler de lui sans être directement impliqué, c'est une belle opération pour lui.

Qui dit que le diable est pour quelque chose dans cette triste histoire du cimetière de Toulon, parce que ces jeunes gens et ces jeunes filles le disent et qu'ils sont effectivement habités par la haine et se sont livrés aux pires excès.

Mais dire cela n'est pas suffisant pour parler de possession. Bien des hommes et des femmes font pire sans qu'on éprouve le besoin de faire intervenir le diable.

Ce diable dont parlent ces jeunes, n'est-il pas une élaboration de leur esprit ? N'est-ce pas eux qui lui ont donné consistance en croyant s'y soumettre ? Et le diable ne se serait-il pas moqué d'eux en leur faisant croire qu'il était là où il n'était pas ?

Le diable n'est une explication ni nécessaire ni suffisante.

Ces jeunes sont d'abord victimes du vide spirituel et de l'absence de sens qui sont un des traits dominants de notre société.

Ils le sont aussi de la place que nous faisons au diable, à tout propos.

Nous lui donnons une importance qu'il n'a pas lorsque nous faisons de nos prières et de nos rites chrétiens une simple mesure d'assurance contre lui et les esprits.

A force de parler de lui, il finit par être là. Par notre faute !

Lui qui n'est que ruse n'a plus qu'à se jouer des esprits faibles que nous sommes.

Mais dans tout cela, où donc est notre foi ?

Ne savons-nous pas que le Diable a été vaincu une fois pour toutes sur la Croix du Christ et que notre rempart contre les forces du mal, c'est le Seigneur et lui seul ?

Nous nous conduisons comme si notre foi ne suffisait pas à nous sauver. Nous nous réfugions dans les sectes ou nous courons après toutes les protections possibles.

Parce que nous avons peur.

C'est par la peur que le diable nous tient. C'est par la peur que nous le faisons vivre.

La foi est à l'opposé de la peur.

La confiance en Dieu est la seule arme contre les projets diaboliques.

Dominons la peur et gardons ferme notre espérance comme ces moines de Tibéhirine dont le témoignage rend dérisoire et stupide l'acte nihiliste de ces quatre jeunes.

fr. André LENDGER