• 13 octobre 2002 Dieu est-il aussi bon qu’on le dit ?

    Les hommes attendent beaucoup de Dieu. Ils le prient en toute occasion et ils lui demandent de les protéger et de leur apporter un peu de bonheur. Ils se rendent compte cependant que les souffrances ne leur sont pas épargnées. Il leur arrive souvent ce qu’ils souhaiteraient ne pas voir arriver. Cela est d’autant plus sensible à une époque comme la nôtre où chacun est tellement habitué à être pris en charge pour tout qu’il prend des assurances et des garanties sur tout, incapables que nous sommes devenus de faire face aux difficultés. Faudra-t-il prendre une assurance sur Dieu ?

    Or le malheur arrive parfois, trop souvent même. Nombreux sont ceux qui, ce jour-là, estiment que Dieu n’a pas fait son travail et qui reprennent à leur compte les phrases mises par les Psaumes dans la bouche des méchants : « il n’est pas de Dieu ».

    Réduire Dieu à un prestataire de services c’est refuser d’assumer sa condition humaine, désirer vivre dans un monde magique et faux, tourner le dos à la vérité et à la liberté.

    Dieu a complètement rempli son contrat avec nous. Il nous a donné la vie et il nous a laissés dans la liberté totale, avec la confiance absolue qu’un père a envers ses enfants. Mais lorsque le malheur survient – un malheur auquel nous avons parfois prêté la main - le père devrait-il nous l’éviter ?Ne sommes-nous pas libres et adultes (théoriquement).

     

    Transformer le malheur en épreuve, telle est la tâche qui nous incombe.

    Par « épreuve » il convient d’entendre ce qui nous fait passer d’une situation à une autre, d’un état à un autre, dans une démarche initiatrice, en grandissant humainement, en s’enrichissant au cours d’expériences qui peuvent être douloureuses certes, mais libératrices.

    Parler d’épreuve permet de comprendre que le malheur n’introduit pas au néant, même s’il est frôlé, mais qu’il modifie notre perception de la vie, la rendant plus responsable.

    Les exemples abondent, hélas ! de ces sortes d’épreuves. Nous connaissons tous de ces artistes, écrivains, sportifs de renom, dont l’enfant naît handicapé. Dans une vie où tout était sourire, un mal imprévu surgit. Loin de s’effondrer, plusieurs d’entre eux ont ouvert leur cœur à d’autres détresses du même ordre. Leur sens de l’homme, de soi et de l’autre, en sort grandi. Leur sens de Dieu également. Dieu devient le Dieu de la Promesse, de l’en-avant, du futur, et non pas l’idole maternante qui nous entretient dans notre infantilisme.

    Le malheur est du côté de la mort ; Dieu est du côté de la vie. Le silence de Dieu le rend-il complice du malheur ? Dieu n’a que sa bonté, apparemment incompréhensible, à lui opposer. Sa bonté ne consiste pas à cajoler mais à ouvrir les portes de la vie sur une plénitude spirituelle – et donc humaine et affective. Il propose un autre monde, plus riche que nos richesses matérielles, un monde à venir, non pas une consolation de la mort physique, mais une humanité promise à la paix et à la justice. Celui qui traverse l’épreuve devient responsable de cette humanité en devenir. L’avenir, c’est l’aujourd’hui de tout homme et de la société.

     

    Faire de toute notre vie une épreuve, tel est sans doute le but à atteindre.

    Il ne s’agit pas de faire de notre vie un temps de souffrance et de mortification, mais de comprendre que notre vie est le temps qui nous est proposé pour aboutir à être « nous » en vérité, à pouvoir dire « je » en vérité, à naître au monde, à l’autre et à Dieu en vérité. C’est faire de notre vie, de nos rencontres, de nos amours, de nos réussites et de nos désespoirs… une œuvre d’humanisation de soi qui nous introduise au monde qui nous estpromis du simple fait que nous sommes des vivants. Notre vie ne sera accomplie en vérité que lorsque nous aurons pris totalement possession de nous-mêmes comme personne et comme projet.

    Faire de sa vie une épreuve c’est, pour un croyant, découvrir la bonté de Dieu à l’intérieur même de sa lutte pour la justice, une lutte accompagnée d’échecs, de désillusions et d’injustices qu’il doit traverser, une lutte qui va lui arracher ses masques.

    C’est découvrir que nous ne possédons rien que nous ne tenions de Dieu, si peu que ce soit et ce peu, la vie, Dieu nous l’a confiée pour que nous devenions nous-mêmes, pour que nous la lui rendions, l’ayant faite nôtre et lui ayant fait produire le fruit de la justice.

    L’accomplissement de notre vie, l’achèvement de notre liberté, la naissance à nous-mêmes passent par cet échange de don entre Dieu et nous, quels que soient les événements qui traversent nos existences. Notre vie est une épreuve au cours de laquelle la conquête de soi s’accompagne de dépouillement et de la remise de soi à celui qui nous a tout donné.

    Faisons de nous-mêmes une offrande au Dieu qui nous a tout donné.

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