• 13 juin 1999 - Désirer ce que nous ne possédons pas.

    Désirer ce que nous ne possédons pas.

    Désirer les biens des autres, l’amour dont ils sont pourvus, la paix, Dieu…

     

    Nous ne pouvons désirer que ce qui nous manque et il nous manque toujours quelque chose, qu’il s’agisse d’un bien matériel ou d’un bien spirituel.

    L’absence du bien qui manque pousse à le rechercher. Ainsi avançons-nous dans la vie, progressant d’un bien désiré à un bien obtenu et d’un bien obtenu à un autre bien désiré.

    Les désirs ne sont pas les mêmes selon qu’on vit dans un pays pauvre ou dans un pays riche, au milieu de la violence ou en sécurité, aimés ou abandonnés.

    Les moyens pour obtenir l’objet de notre désir ne sont pas non plus les mêmes, selon que nous possédons les moyens financiers ou culturels de l’obtenir ou non.

    La sagesse consisterait, dans quelque situation que nous nous trouvions, à ne pas désirer plus que ce que nous pouvons obtenir, mais il est des désirs tellement fondamentaux qu’on est prêt à faire l’impossible et même le plus déraisonnable pour l’obtenir.

    Ainsi en est-il de ceux qui souffrent cruellement d’un manque d’amour. Le désir d’aimer, mais aussi d’être reconnu et aimé pour soi-même peut être tel que son manque de réalisation peut se retourner contre soi et conduire au suicide.

     

    S’estompe ici le jugement moral que nous pouvons porter sur les personnes qui utilisent des moyens que condamne la justice sociale (violence, vol, cambriolage) ou que réprouve la conscience (suicide) pour atteindre le bien désiré.

    La justice doit agir pour rappeler les règles de la vie en société. Et dans le domaine de la conscience nous avons raison de désapprouver, par un sursaut personnel d’instinct de vie, le suicide comme méthode pour régler nos problèmes intérieurs et nos malaises relationnels.

    Mais nous devons rendre grâce lorsque nous avons pu échapper à ces extrèmes et vivre nos désirs en restant dans l’ordre du permis social et de l’équilibre personnel.

    Certains ne sont-ils pas poussés aux excès parce que happés par l’insistante proposition de biens qu’ils n’ont pas les moyens d’acquérir ? D’autre part, la pression culturelle et sociale ne fait-elle pas croire que rien n’est plus désirable que le bien immédiatement consommable ?

    Nos sociétés fabriquent des biens de consommation pour tous. Elles insinuent que sans ces biens on se retrouve nu et exclu. N’est-ce pas une provocation pour ceux qui n’ont pas les moyens des désirs qui ont été inscrits au fond de leur cœur dès qu’ils ont ouvert les yeux ?

    Mais pour tous, il est un bien qui n’a pas de prix et que chacun ne cesse de chercher à se procurer : l’amour. L’amour, on peut le dire avec des fleurs, mais on peut chercher à l’acquérir par d’autres moyens lorsqu’on n’a pas eu la chance d’apprendre le langage des fleurs. Et lorsque l’amour fuit de façon inexorable, reste le vide, la mort.

     

    N’existe-t-il pas un bien qui ne soit pas monnayable ?

    Nous pouvons postuler qu’un tel bien existe du fait que notre sensibilité fait de nous des êtres de désir, d’un désir illimité, et que nous faisons l’expérience que les biens de ce monde sont limités, insatisfaisants, et n’apportent pas la plénitude recherchée.

    Celui qui ne vit que pour posséder sait qu’il n’aura jamais assez. Rien de ce qu’il aura, si unique et sublime cela soit-il, ne suffira à apaiser son désir. Il lui faudra toujours plus.

    Il pourra s’y accrocher comme à sa raison de vivre ; il pourra y découvrir le néant.

    L’accumulation indéfinie des biens matériels ne peut donc pas remplir une vie puisqu’elle laissera toujours un non-acquis, une place vacante. Pour l’amour ?

    Mais l’amour lui-même ne suffit pas puisqu’il ne fait qu’éveiller, lui aussi, à une plénitude qui se dérobe toujours davantage lorsqu’on la croit à portée de main.

    N’existe-t-il donc rien qui puisse combler notre soif désirante et lui donner sens ?

     

    La limite infranchissable de tous les biens qui nous sont présentés, pour lesquels les hommes sont prêts à s’entre-tuer d’une façon ou d’une autre, plaide pour un Bien supérieur, source et but de tous les biens qui nous sont proposés et qui n’en sont que le signe.

    Qui osera, au milieu des biens qui nous promettent une jouissance immédiate, organiser sa vie autour du seul Bien insaisissable qui nous entraîne nous ne savons où ? Qui osera ordonner son juste désir de tous les biens de ce monde autour du désir de ce seul et unique Bien ? Qui désirera le Prince de la Paix de préférence à la violence liée à toute possession ?

    fr. André LENDGER

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