• 13/11/1994 - Des pauvres ont été reçus à l'ONU.

     

    Des pauvres ont été reçus à l'ONU.

     

    Pour sortir de l'ombre et faire prendre conscience aux responsables internationaux que la misère existe partout, et pas seulement dans les pays de la faim.

     

     

     

    Nos sociétés d'abondance auraient tendance à oublier qu'il existe des pauvres en grand nombre au milieu d'elles, ceux dont on parle et qu'on aide, mais aussi ceux dont on ne parle jamais, qu'on oublie, qu'on ne regarde pas, qu'on juge et qu'on condamne.

     

     

     

    Le pauvre est pauvre selon la richesse de son pays et l'époque à laquelle il vit.

     

    Le pauvre d'aujourd'hui peut passer pour riche par rapport au pauvre d'autrefois, et le pauvre occidental par rapport au pauvre de Somalie ou de Madagascar.

     

    Dans tous les cas nous pouvons dégager les caractéristiques de ce qui constitue un pauvre :            il manque du nécessaire au point d'être un homme tronqué.

     

                il dépend des autres.

     

    Dans ces conditions,

     

                de quelles dignité, liberté et respect jouit-il ?

     

                comment peut-il acquérir la culture minimum pour s'en sortir ?

     

                quelle éducation, quel héritage humain peut-il transmettre à ses enfants ?

     

    Suffit-il d'ajouter un "plus" pour que le pauvre ne soit plus pauvre ?

     

    Toute oeuvre de charité, toute entreprise humanitaire trouve ici sa limite.

     

    Mais est-il souhaitable que le pauvre ne soit plus pauvre quand l'évangile nous assure que les pauvres sont nos maîtres ?

     

    Ne le sont-ils que parce qu'ils nous permettent de manifester notre "charité" ?

     

    N'avons-nous rien à apprendre d'eux ?

     

    Le pauvre n'a-t-il d'autre alternative que de passer de l'état de pauvre à celui de riche, épousant l'éthique des possédants, la seule qui donne la considération recherchée ?

     

    En effet, la "culture" des pauvres, basée sur le manque et l'absence, peut-elle rivaliser avec la culture de ceux qui possèdent argent et pouvoir depuis des lustres ?

     

    Le pauvre qui réussit à s'intégrer dans le monde pourra-t-il promouvoir cette culture de manque ? Qu'il ne rejette pas son passé, qu'il reste solidaire de ceux qu'il a laissés sur la route et s'engage à leurs côtés, c'est déjà beaucoup ! Est-ce une culture ?

     

     

     

    Un des drames du pauvre n'est pas le manque de biens, mais le manque d'être.

     

    Le pauvre n'existe pas au regard des autres, que ce regard soit compatissant, charitable, apitoyé, fuyant, apeuré. hostile, violent, anéantissant...

     

    Le travailleur social lui-même contribue à maintenir le pauvre en pauvreté.

     

     

     

    L'amour peut-il être une issue ?

     

    Mais quel amour ?

     

    L'amour qui regarde de l'extérieur et se contente d'un discours émouvant ?

     

    L'amour-frémissement du cœur comme on l'éprouve en regardant des atrocités à la télévision tout en continuant à faire bombance ?

     

    L'amour-révolte qui veut chambouler le monde ?

     

     

     

    Il existe un autre amour : celui qui sollicite d'épouser la pauvreté, de la faire sortir de la mort (amour = a-mors, hors de la mort).

     

    Ce qu'a fait le Christ.

     

    Le Christ n'a pas trouvé que la condition du pauvre était belle ni enviable.

     

    Il lui a donné Sa beauté parce qu'Il l'a habitée.

     

    Il a été poussé à la pauvreté - pas à la misère - par son amour pour l'homme.

     

    Il a renoncé à la richesse divine et est venu prendre chair.

     

    Il a été condamné, pauvre, par le regard de l'autre : rejet, exclusion, mort.

     

    Il n'a pas sacrifié aux valeurs du monde et, de façon plus radicale que tout pauvre de ce monde, dans l'abandon total, il a tout attendu d'un autre, y compris sa mort.

     

     

     

    La lutte contre la pauvreté-misère, fille du péché, passe bien sûr par la mobilisation de tous dans les associations et oeuvres de toutes sortes, combats politiques et sociaux.

     

    Mais la vraie lutte, la vraie subversion contre la pauvreté, consiste à aimer le pauvre au point d'embrasser soi-même la condition de pauvre, à l'image du Christ.

     

    Car la vraie valeur de l'homme ne réside ni dans l'argent ni dans le pouvoir, mais dans la simplicité du cœur et l'abandon entre les mains de la providence.

     

    Le chrétien peut-il être sourd à l'appel de la pauvreté ?

    fr. André LENDGER

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