• 12/06/1994 - L'Europe, pourquoi faire ?

    L'Europe, pourquoi faire ?

    Les élections européennes ne soulèvent pas l'enthousiasme.

    Désintérêt ?

    Constat d'échec ?

    Retour aux nationalismes ?

     

    L'Europe a pu décevoir.

                - les difficultés économiques sont loin d'être surmontées.

                - la guerre en Bosnie a illustré l'incapacité de l'Europe à parler d'une voix unie et efficace et à manifester une volonté commune.

                - les scandales financiers et les difficultés propres à chaque Etat membre ont replié l'attention des citoyens sur les affaires de leur propre pays.

                - le manque de dynamisme et l'absence de vision humaine et spirituelle ne favorisent pas une si grande entreprise.

     

    L'Europe doit-elle rester à l'état de rêve ?

    Il est légitime de se demander quelle Europe on construit : Europe de marché, confédération, fédération... ?

    Mais on ne peut rester éternellement passifs, paralysés par des questions théoriques qui deviennent prétexte à ne pas avancer.

    L'Europe, ce n'est pas seulement un marché de consommateurs.

    L'Europe, c'est une certaine conception de l'homme qui a été essaimée bien au-delà du continent. Elle en reste l'illustration majeure, en dépit de certains de ses errements actuels et de ses démons passés.

    L'Europe est l'héritière du judaïsme et de l'hellénisme. Elle est la mère des droits de l'homme et de la naissance de la démocratie. A ce titre elle est encore appelée à jouer un rôle phare dans un monde où l'humanisme est en question.

     

    Ce rôle, l'Europe l'a déjà tenu avec brio en des temps pas très anciens, des temps

                . où les frontières n'existaient pour ainsi dire pas,

                . où une langue commune permettait les échanges à l'échelle du continent, ainsi que le développement de la pensée et de la recherche scientifique,

                . où les artistes circulaient librement d'un pays à l'autre,

                . où les différences locales avaient le droit de s'exprimer.

    C'était l'Europe chrétienne du Moyen-Age, siècle que nous considérons à tort comme obscur. C'est là qu'ont été posées les bases de notre actuelle civilisation de liberté et de démocratie, éprise de justice, respectueuse du Droit.

    Il est vrai que les hommes de ce temps des cathédrales vivaient selon des valeurs qu'ils avaient à cœur de transmettre à tous : ils avaient le souci de magnifier la grandeur de l'homme image de Dieu. Ils étaient unis dans la pensée que l'homme avait un destin qui dépassait les limites du temps et de l'espace.

    Peut-être est-ce le secret d'une réussite libre de tout projet politique.

     

    L'Europe pourra-t-elle faire l'économie d'une redécouverte et d'une ré appropriation de ses richesses humaines et spirituelles ?

    Pourra-t-elle se contenter d'exister seulement comme puissance économique ?

    Elle serait alors infidèle à son héritage et à la responsabilité qu'elle a faite sienne dans le monde, elle qui a si largement diffusé son idéal de liberté et de dignité de la personne humaine, faute de l'avoir toujours vécu elle-même.

    Quelle que soit la forme que prendra l'Europe politique et économique, il semble difficile de faire l'impasse sur cette question fondamentale.

     

    Les Eglises sont au premier chef requises par un tel projet.

    Non qu'il faille rêver d'une nouvelle Europe chrétienne. Le projet se heurterait à un christianisme éclaté en confessions dont la réunification ne semble pas prochaine. Il se heurterait aussi à la réalité d'une Europe dans laquelle la religion musulmane prend une place de plus en plus importante, une religion qui doit avoir sa place.

    Mais l'homme sécularisé et technicisé du 21ème siècle ne pourra subsister longtemps dans son identité européenne sans se définir dans sa dimension spirituelle.

    Les chrétiens et les fidèles de toutes les religions doivent rechercher la route d'une Europe fraternelle dans la diversité, unie sur un projet pour l'homme à venir.

     

    fr. André LENDGER

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