• 11 mai 1997 - L'échec.

    On voudrait ne jamais avoir à en parler et ne jamais le subir.

    Mais il existe. Et souvent de par les décisions et la volonté de ceux qui le subissent.

     

    Notre culture contemporaine nous habitue aux exploits techniques. Ils ne sont pas sans faille, mais ils sont parfois bien proches d'une perfection d'où l'échec est exclu.

    Nous sommes enclins à transposer ces succès à notre vie personnelle, familiale ou sociale et à imaginer que, débarrassés de bien des contraintes grâce aux progrès à venir, nous bénéficierons d'une vie plus simple et plus satisfaisante avec moins d'efforts.

    Déjà nous planifions notre avenir, nos achats, nos voyages, le nombre de nos enfants et la date de leur naissance... Une vie de rêve ne serait-elle pas possible ?

     

    La réalité contredit le rêve.

    Nous savons que demain la vie ne sera pas plus facile qu'elle l'est aujourd'hui.

    En admettant qu'un certain nombre de progrès continuent d'améliorer la vie pratique, cela ne nous autorise pas à dire que les épreuves et les échecs seront éliminés.

    Cela risque même de les provoquer.

    Habitués à la presque-perfection technique et au confort qu'elle permet, nous aurons du mal à accepter qu'il n'en aille pas de même dans tous les aspects de notre existence. Nous nous montrerons exigeants vis-à-vis des autres, attendant qu'ils se conforment à nos désirs,

    Il n'en résultera que ruptures et souffrances. L'échec.

     

    Comment vivre l'échec, qu'il soit scolaire, professionnel, conjugal, sexuel, affectif ?

    Comment accepter l'enfant handicapé à vie, l'enfant délinquant, la mort d'un enfant ?

    L'échec anéantit les projets les plus nobles et rend vains les efforts consentis.

    L'échec est un arrêt de mort. Partiel pourtant, car s'il anéantit tout espoir de voir aboutir le projet dans lequel nous avions investi tant énergie, il nous laisse en vie.

     

    Pas de vie sans échec.

    Est-il possible de faire de l'échec une source de vie ?

    A l'occasion de toute mort, nous avons à faire un deuil : assumer le fait dans sa brutalité et son déchirement. Un pan de soi-même s'écroule, même si l'espérance demeure.

    L'échec nous place dans une situation identique, avec un poids supplémentaire à porter : nous sommes, au moins en partie, à l'origine de ce qui nous arrive.

    L'échec nous atteint dans notre élan vital, dans notre être profond. Nous sommes arrêtés en plein course, comme foudroyés.

    N'étant pas étrangers à notre échec, nous devons être en mesure de peser sur l'avenir

    A nous d'analyser sans complaisance les raisons personnelles qui nous ont menés là.

    A nous d'accepter et d'assumer nos lacunes, nos limites, nos erreurs de jugement, nos complications affectives. Elles peuvent être autant de richesses si nous savons les exploiter.

    L'échec, si nous apprenons à le regarder sans peur et avec le recul, peut nous révéler à nous-mêmes, nous ouvrir aux autres, nous apprendre à partager et à agir, nous grandir.

    L'échec est porteur d'espérance, il est une école de vie.

     

    Être en mesure d'affronter l'échec et d'en sortir grandi nécessite un apprentissage qui fait partie de l'éducation de l'enfant, qui incombe en premier lieu à sa famille.

    Si l'enfant n'apprend pas à surmonter ses premiers échecs, s'il abandonne à la première difficulté, si personne ne l'aide à réagir et à voir qu'il a en lui les moyens de sortir vainqueur de l'épreuve, jamais il ne sera à même d'affronter les combats de sa vie adulte.

    Rien n'est donné. Tout se gagne par l'effort, et d'abord l'effort sur soi.

     

    La Croix est le symbole de l'échec.

    Elle est le symbole de la transformation de l'échec en vie, non par la force magique d'un dieu qui n'aurait pas supporté l'échec de son fils et l'aurait ressuscité pour faire étalage de sa puissance, mais par l'espérance incluse dans la démarche de Jésus, dans sa façon d'assumer son échec avant même qu'il soit consommé, le transformant en don de vie.

     

    fr. André LENDGER

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