• 11 juillet 1999 - Les langues régionales.

    Les langues régionales.

    Faut-il les favoriser ou les endiguer ?

     

    Le phénomène existe dans tous les pays du monde. L’Afrique en est une illustration tout à fait spectaculaire. Mais nos vieux pays d’Europe, dont l’unification s’est faite au long des siècles en annexant des régions qui parlaient d’autres langues, conservent des témoins de ce lointain passé. La France, pour sa part, ne manque pas d’abriter plusieurs langues : basque, provençal, corse, breton parmi les principales et, grâce aux DOM, divers créoles.

    Il y eut des époques où la place accordée aux langues régionales a été réduite pour affirmer la place du français comme langue nationale et consolider l’unité de la nation.

    Aujourd’hui, il est demandé aux pays européens d’accorder droit de cité aux langues régionales et de respecter, dans le domaine du langage, le droit des minorités

    Les langues nationales ne sont pas remises en question pour autant, elles qui ont fourni tant de chefs-d’œuvre, chacune selon son génie propre. Elles ont une valeur universelle. Elles sont le bien commun de tous les habitants d’un pays. Elles invitent à venir puiser en elles l’ouverture nécessaire pour vivifier les particularismes locaux. Elles peuvent contribuer à mettre en valeur les cultures régionales en leur donnant les moyens de faire connaître leur propre richesse et d’enrichir, par voie de conséquence, la culture nationale et même mondiale.

    Même si l’histoire des peuples n’a pas permis à telle langue – et donc à telle culture - de devenir dominante, elle fait partie de notre héritage commun. Nous qui, par souci écologique, protégeons les espèces animales et végétales en voie de disparition, ne devons-nous pas protéger le patrimoine culturel et historique de l’humanité jusque dans ses plus petites expressions et, loin de le tuer, lui permettre au contraire de vivre et de se développer ?

     

    Les langues, faut-il le dire, ne sont pas plus éternelles que les civilisations.

    L’araméen, cette langue parlée par Jésus et qui faisait alors figure de dialecte, avait été, quelques siècles plus tôt, la langue internationale utilisée dans la diplomatie et le commerce. Hier le français était la langue dominante. Aujourd’hui c’est l’anglais. Demain, quelle langue sera dominante ? quelle langue sera réduite à l’état de dialecte ou même disparaîtra ? Cela s’écrira en termes de puissance économique, politique, médiatique…

    La mondialisation, telle un maelström qui attire et broie tout dans une spirale mortelle, suscite une réaction et réveille les régionalismes, les coutumes et les langues locales. Il s’agit de ne pas disparaître dans le trou noir préparé par les maîtres du moment.

    Que chacun vive et s’exprime dans sa particularité, avec sa sensibilité, son passé, sa culture, sans s’y enfermer et sans préjudice des langues dominantes sans lesquelles rien n’est possible, telle est l’une des préoccupations de l’Europe qui se construit.

     

    Peut-on craindre, à favoriser les langues et les cultures régionales, une moins grande cohésion du pays ? La crainte semble lointaine. Dans une Europe soucieuse de développer les régions, même ultra-périphériques, qui aurait intérêt à se séparer de la nation ? Quel particularisme survivrait de façon durable ? Lequel réussirait à s’universaliser ?

    La France a une vieille tradition jacobine, unificatrice et centralisatrice. C’est un pays peu enclin à voir d’autres langues cohabiter avec la sienne, au contraire d’autres Etats comme les Etats-Unis qui doivent, de plus en plus, laisser l’anglais cohabiter avec l’espagnol.

    Chaque pays a sa façon de laisser se développer non seulement des langues régionales, mais même des langues étrangères sur son propre sol.

    Une langue régionale qualifie une région. Elle n’a pas la prétention de gommer la langue nationale dans laquelle chacun se reconnaît citoyen d’un même pays. Officialiser une langue régionale, parfois même, en certains pays, une langue étrangère, pose inévitablement des problèmes dans la vie courante, l’enseignement… Il faut bien apprendre à les gérer.

    Le cadre national et le cadre européen devraient être à même de faciliter un développement équilibré des cultures régionales, voire - au moins de façon transitoire - étrangères, dans un ensemble national. Celui-ci est nécessaire pour que la spécificité locale ne se retourne pas contre ses défenseurs qui, tout à la joie de leur reconnaissance officielle, seraient tentés de se replier sur eux-mêmes et de régresser.

    La complémentarité est nécessaire.

    Depuis la Pentecôte l’Eglise, elle, parle toutes les langues et tous les dialectes.

    fr. André LENDGER

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