• 11/08/1996 - Il y a cent ans, Madagascar devenait colonie de la France.

     

    Il y a cent ans, Madagascar devenait colonie de la France.

     

    Des années de combats, des années de paix, des années d'administration coloniale, le conflit de 1947, l'indépendance, les soubresauts d'un Etat dans la misère.

     

     

     

    Douloureux et difficile bilan.

     

    Nul ne sait ce que serait Madagascar aujourd'hui si la colonisation n'y avait pas implanté son administration, orienté ses circuits économiques et imposé sa culture.

     

    Un siècle plus tôt, les grandes puissances européennes estimaient naturel de se développer sur d'autres terres. Nous pourrions chercher en vain les condamnations morales.

     

    Nous voyons aujourd'hui, à travers les affres de l'Afrique entière ou presque, les dégâts causés par la présence imposée des "civilisateurs", après les marchands d'esclaves.

     

    Un continent a perdu son âme.

     

    Un continent cherche son identité.

     

     

     

    L'Afrique, à quelques exceptions près, vit à coups de perfusions du FMI, de la Banque Mondiale et des subventions de quelques pays, dont les anciens colonisateurs.

     

    La dépendance coloniale a disparu. Demeure la dépendance économique, selon des critères conformes aux besoins de l'économie mondiale, celle des pays riches.

     

    Que deviendraient ces pays sans ces aides ? Comment survivraient les Eglises locales elles-mêmes sans le partage des Eglises occidentales ?

     

     

     

    Le continent africain, à commencer par Madagascar, si profondément ébranlée dans ses premiers pas démocratiques, y trouve-t-il son compte ?

     

    Pourquoi la Grande Ile, supposée riche est-elle tellement pauvre ?

     

    D'où viennent les difficultés politiques qui ruinent le pays ?

     

    Des hommes au pouvoir sans en avoir l'expérience ? Du tempérament pacifique d'un peuple qui accepte sa misère sans révolte ? De la responsabilité des anciens colonisateurs ?

     

    Mais il n'est plus temps de se poser des questions sur les responsabilités passées.Madagascar tient aujourd'hui son destin entre ses mains. Quelle aide lui apporter sinon de lui donner les moyens, dans la rigueur des contrats, de s'aider elle-même ?

     

     

     

    Nombreux sont les associations et les coopérants déjà présents sur place !

     

    Mais ils ne sont pas de même culture, et c'est peut-être là une des principales équivoques de tout ce qui est fait là-bas et sur le continent, en matière d'aide humanitaire.

     

    Certains coopérants peuvent en faire l'expérience : quel crédit le cultivateur local va-t-il leur accorder quand ils viennent, de l'extérieur, bousculer des pratiques ancestrales ?

     

    Il faut, pour une telle tâche, une patience et une pauvreté d'âme peu communes.

     

    L'Eglise malgache, ainsi que toutes les Eglises africaines, expriment ce malaise en appelant avec empressement à l'"inculturation". L'Afrique n'est plus tout à fait l'Afrique et Madagascar est tiraillée entre l'occident et ses propres traditions et racines.

     

    Cette division intérieure est dévastatrice.

     

     

     

    Deux phénomènes entrent en conflit :

     

                - la mondialisation uniformisation de l'économie et la domination de la culture américano-occidentale, avec tout ce que peuvent en véhiculer les médias...

     

                - la présence encore vivante d'une culture propre, chargée d'histoire, fort capable d'exprimer des valeurs humaines universelles et les vérités religieuses dans un langage dont la disparition constituerait un appauvrissement pour l'humanité entière.

     

    Le développement du continent africain et de Madagascar peut-il se passer d'une patiente reconquête de leur originalité, de leurs traditions et de leur culture ?

     

     

     

    Avant de les enseigner, il convient de se laisser enseigner se faire pauvre.

     

    L'étranger restera toujours un étranger, et s'il a quelque chose à apporter, ce ne peut être qu'après avoir compris qu'il avait d'abord à recevoir, après avoir été accueilli aimé d'égal à égal

    fr.André LENDGER

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