• 04/06/1995 - L'ONU a-t-elle failli à sa tâche en Bosnie ?

     

    L'ONU a-t-elle failli à sa tâche en Bosnie ?

     

    La prise en otages de soldats onusiens pourrait nous le faire croire.

     

    Tant d'hésitations, de reculs, de vaine diplomatie ont discrédité l'ONU, chaque fois dépassée par des défis pourtant prévisibles. Que d'occasions manquées !

     

    Impuissance, faiblesse, manque de fermeté.

     

     

     

    Qu'est-ce que la fermeté, sinon frapper, détruire, tuer ?

     

    L'ONU a choisi une voie infiniment plus étroite :

     

                - s'interposer entre les belligérants pour éviter les massacres,

     

                - éviter l'extermination, le génocide, la loi du plus fort et du plus cynique,

     

                - nourrir des populations menacées de famine et abandonnées sans soins.

     

    Un tel choix rendait l'ONU vulnérable aux entreprises du plus cynique et du plus fort.

     

     

     

    L'ONU a fait le pari a priori insensé d'envoyer des troupes, non pas pour se battre, mais pour être à l'affût de la paix et à son service , une vocation nouvelle pour une armée.

     

    A charge pour les politiques et les diplomates de trouver les conditions honorables de cette paix pour les trois parties concernées.

     

    Les sanctions étant inexistantes, les condamnations sont restées paroles en l'air, les résolutions de l'ONU ont été piétinées et le contingent onusien est devenu un hochet.

     

    L'exercice était inscrit dans les limites que s'était imposée l'ONU.

     

    Il eût fallu que les protagonistes fussent très vertueux pour qu'il en aille autrement !

     

     

     

    Echec ou grandeur ?

     

    L'ONU, de propos délibéré, n'a pas voulu faire la guerre.

     

    Elle a refusé d'entrer dans le cercle de la violence et de la mort, même aux dépens de l'agresseur.

     

    Elle a refusé de faire la guerre pour obtenir la paix.

     

    Elle a voulu ramener les hommes à la raison par la diplomatie.

     

    Contre toute raison et toute espérance, elle a espéré en la sagesse des hommes.

     

    Son arme a été celle de la conscience.

     

    Ce pari,  même s'il se révèle inopérant, est un véritable acte de foi en l'homme.

     

     

     

    L'impuissance avérée de l'ONU montre à quel point la paix est difficile et combien étroite et malaisée est sa voie. La paix en Bosnie. Toute paix.

     

    Cela ne devrait pas nous étonner. Cela confirme les difficultés que chacun de nous rencontre pour faire la paix. En lui, autour de lui, dans sa famille, dans sa société.

     

    Une force d'interposition serait souvent nécessaire pour ramener la paix en nos murs. Mais nous savons qu'elle se heurterait, tout comme l'autre, aux passions et aux refus de dialogue, l'épreuve de force étant une solution plus facile, plus séduisante et plus satisfaisante que tous les efforts de réconciliation et de paix.

     

     

     

    Peut-on imposer la paix ?

     

    C'est la contradiction même.

     

    La paix ne saurait s'imposer. Elle se reçoit comme un don ou elle n'existe pas.

     

    Toute oeuvre de paix est vouée à l'échec dès lors que, dans une situation donnée,  seule la force est finalement en mesure de ramener l'agresseur à la raison.

     

    Entre temps celui-ci aura eu tout le loisir de montrer jusqu'où pouvait aller le cynisme et la barbarie de l'homme. De cela, l'histoire ne manque pas d'exemples !

     

     

     

    Alors que tout le monde garde les yeux tournés vers les otages onusiens des serbes, l'enjeu est infiniment plus important que leur libération, si nécessaire soit-elle :

     

                - les hommes seront-ils capables, un jour, de faire advenir la paix ?

     

                - les hommes sauront-ils, face à la destruction, la violence et la mort, répondre autrement que par la destruction, la violence et la mort (la vengeance) ?

     

    L'aventure onusienne en Bosnie, si mal engagée et si dépendante de la légèreté des hommes soit-elle, est un épisode, et non des moindres, de la tentative des hommes, pleins d'une bonne volonté même molle et incertaine, d'oser les mésaventures de la paix.

     

    Dérisoire par l'addition de ses inconséquences, elle est pourtant

     

    Essentielle.

     

    Jésus a déjà fait l'expérience du paradoxe de la paix

     

    Homme de paix, il l'a promise , mais "pas telle que le monde la donne"...

     

    Pour ce faire, de mort violente Il est mort

    fr. André LENDGER

    « 28/05/1995 - L'unité des chrétiens.11/06/1995 - Son frère...reconnaissait l'avoir jeté dans le canal »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :